Pour voir un extrait de la série, c'est par là.
Joy est la première à avoir accepté gentiment de poser pour moi il y a un an et demi, quand j'essayais de comprendre à quoi servaient tous ces boutons sur mon appareil numérique - sur l'argentique, il y en avait trois, c'était beaucoup plus simple. Ou plutôt, la complexité n'était pas au même endroit... Aujourd'hui, je retravaille mes photos couleurs avec une nouvelle méthode de développement numérique, en tirant la photo vers une atmosphère argentique (couleurs légèrement saturées, grain, volumes fondus). J'ai donc repris cette toute première série, avec ses maladresses et son exposition approximative, pour les jeux colorés qu'elle me permet. Et puis parce que c'est un joli souvenir.
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1 Commentaire
Ceci est une photo numérique. Jusqu'à présent, je n'arrivais pas, dans mes portraits numériques, à obtenir ce grain et ce contraste propre à l'argentique. Ce modelé des contours, ces petits volumes qui fondent doucement la lumière, et rehaussent le visage sans passer par la manipulation des retouches où les traits originaux se perdent. Maintenant, j'y arrive. Jour faste, donc. Edit de 17h25: Vérification faite, ça marche aussi avec la couleur... Luca, hier au parc floral, en marge d'une nouvelle série photographique pour le spectacle Une année l'amour (Première demain!)...
Kimiko Yoshida, La mariee en méditation avec un bouddha en méditation vieux de 1100 ans, Autoportrait, Chine, 2005. Ici exposée dans la galerie Jiali. La mariée en méditation La photographie de Kimiko Yoshida fait partie de la collection personnelle de Daphné Mallet, qui ouvre ce mois-ci à Pékin une galerie d'art contemporain. Je pourrais passer des heures à la regarder, elle provoque un sentiment de grande quiétude. D'abord parce qu'elle est épurée, zen et douce, invitant à la méditation, mais aussi parce que son rythme propre fait entrer son spectateur dans un état légèrement hypnotique. Ce rythme, ce mouvement ténu, naissent du battement entre l'avant et l'arrière-plan, de ces deux corps joints en parfaite harmonie et complètement hétérogènes en même temps. Le corps de Kimiko est "derrière", mais ses yeux font aussi partie de la coiffe du Bouddha, comme sur le même plan. Les corps ont des postures et des formes similaires, mais l'un est vivant, l'autre de pierre, l'un noir et blanc, l'autre en couleurs, l'un lisse, l'autre rugueux, l'un d'aujourd'hui, l'autre vieux de 1100 ans. Le jeu des yeux de Kimiko, à la fois devant et derrière, lie ces opposés et les marie sans les annuler. Le regard va de l'un à l'autre, dans un mouvement sans fin. Jiali & Daphné Directrice d'une galerie d'art à Pékin pendant cinq ans, Daphné a ensuite fondé Jiali (la maison), à distance des centres d'art pékinois - de vastes quartiers, comme à Caochangdi dont les énormes galeries ont été dessinées par Aï Weiwei, où artistes et galeristes ouvrent leurs studios aux visiteurs -, en installant sa petite galerie dans sa propre maison. Il ne s'agit pas tant de "voir de l'art" que de le vivre, en s'installant dans la galerie comme on visiterait un ami. De prendre le temps, assis sur un canapé, de contempler les oeuvres, et d'en discuter in situ avec la curatrice et l'artiste. De se plonger dans un livre ou un catalogue, confortablement. Distance géographique aussi : en ouvrant Jiali dans une hutong, une de ces petites rues anciennes au coeur de Pékin, encore préservées de la modernisation accélérée de la ville, Daphné fait le pari d'accueillir leurs habitants et de créer des liens entre eux et les artistes internationaux qu'elle expose. De rendre poreuse la frontière entre le monde de l'art et les gens, entre l'art et la vie, le public et l'intime, l'ancien et le contemporain. Inan Wang Pour sa première exposition, actuellement en cours, Daphné a choisi de montrer le travail photo et vidéographique d'Inan Wang. S'inscrivant dans le cadre du festival Photospring, elle fut d'abord exposée dans le vaste studio d'Olivier Modr à Caochangdi, avant d'émigrer dans le quartier du Dongcheng où se tient Jiali. Réalisant un petit reportage sur la galerie, j'ai donc photographié cette première expo hors les murs, puis la galerie habillée pour l'occasion de quatre photos collectionnées par Daphné, et de cinq autres qu'elle a elle-même réalisée lors d'un long voyage routier entre la Chine et la Mongolie. Jiali vient de naître, on lui souhaite une longue et belle vie.... cliquez sur l'image pour voir le diaporama Andrey, élégant et discret, lors d'une série de portraits réalisée le mois dernier. Pour voir sa petite galerie, c'est par là.
Festival Photospring, Caochangdi, 21 avril 2012. A la sortie d'un vernissage. Ils ne se connaissent pas. Elle en gris et noir, lui en noir et gris, dans le même mouvement téléphonique. A l'arrêt dans ce passage où il n'y a rien à voir. Et maintenant, que faire? Quoi voir, dans le dédale des galeries de Caochangdi, qu'on aperçoit dans l'oeil-de-boeuf à droite, devant un plan mural ramené à sa plus simple expression, et dont on ne voit pas le bout. On m'a posé plusieurs fois la question, peut-être parce que je restais longtemps au même endroit : "Sorry, but what should I see?.... I can't see everything! What is the most important?...." Vaste question. Cyclique, toujours la même, et toujours différente, puisque tout change tout le temps. Pourtant, on a toujours quelque chose sous les yeux, si ce n'est pas "tout". Comme l'importance est toujours relative, autant photographier ce qu'on voit. ça finira bien par devenir important.
En septembre 2011, Lucie, une jeune comédienne, est venue me parler d'un projet théâtral pour lequel elle voulait une photographie. Elle me demandait si c'était possible de placer, quelque part dans une rue de Paris, un homme qui soit visible et en même temps absent, dont la main attraperait celle d'une jeune femme qui pourrait le regarder sans se tenir dans le même espace; il devait en même temps flotter dans les airs et ses proportions seraient celles d'un géant. Le tout, en argentique noir et blanc. Je n'avais alors absolument aucune idée de la manière dont nous allions procéder, mais elle était si passionnée et obsédée par cette image aux accents surréalistes que je me suis engagée tout de suite avec elle. Nous avons beaucoup tâtonné pour élaborer cette photographie, finalement incluse dans une série de quatre. Chaque tirage fut réalisé à l'agrandisseur, sur du papier baryté parce que Lucie, une fois qu'elle eut découvert sa qualité veloutée, ses noirs profond et sa matière, ne voulut plus entendre parler de papier RC en plastique. J'y insiste parce que ça a été très compliqué, cette affaire de baryté.... une fois résolue l'équation visuelle de la présence absente. Ou plutôt de l'absence présente, d'ailleurs. De fil en aiguille, d'autres projets d'images se sont ajoutés à cette première série, et ce sont treize photographies qui aujourd'hui accompagnent la pièce, composée ensemble pendant presque une année, et qui parle d'amour. Lucie a trouvé trois autres comédiens, mis en scène dans l'espace d'exposition, pour un spectacle hybride mêlant photo et théâtre. Nous continuons à travailler, en couleurs cette fois, pour ajouter des photos et des scènes à ce projet mouvant qui ne cesse de grandir, et que nous sommes très, très heureuses de montrer bientôt, dans le bel espace de l'Ecole du Jeu à Paris... Venez nous voir! La Première est gratuite, et aura lieu le 26 mai à 17h à l'Ecole du Jeu, 36-38 rue de la Goutte d'Or, 75018 Paris (Métro Barbès). Pour réserver, il suffit d'envoyer un mail avec votre nom et le nombre de places demandées à l'adresse [email protected] |
Avril Dunoyer |