Au vernissage de la galerie Jiali (Beijing), à la Slick Art Fair le 20 octobre. Photographier un vernissage revient souvent à photographier des dos. Les corps masquent les oeuvres, et dans de petits espaces comme les stands d'une foire, le photographe manque de recul pour attraper les expressions des visiteurs, par ailleurs en mouvement quasi constant. Gageure. Pour ce vernissage, je tente la pause longue, très longue, entre 2 et 4 secondes. Ainsi je peux fermer le diaph jusqu'à f20, et récupérer une bonne définition sur les oeuvres accrochées ; les visiteurs s'effacent, fantomatiques, laissant apparaître l'exposition en détail, "derrière" leur mouvement.
Cette année, la galerie Jiali présente exclusivement des photographies, et le choix de la pause longue crée parfois d'heureuses rencontres entre ces mouvements effilés, évanescents, et les travaux des artistes chinois Cai Dongdong, Guo Peng, Yin Ji et Ren Bo, où le travail sur le geste et la matière, et une graphie tendant vers l'abstraction, sont récurrents.
La pause longue rend aussi mieux compte, peut-être, de ce bougé permanent du vernissage : ça piétine, ça rit, ça discute, dans un brouhaha joyeux et concentré. Pour voir d'autres images de cette série, saisies en pause longue mais aussi de manière plus classique, l'album est ici.