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Pékin, 20 millions d'habitants, 6 périphériques, 80 km d'est en ouest... et au milieu de ce dédale mon amie Daphné Mallet, à qui je rends visite pour 15 jours. Outre qu'elle est une excellente photographe, Daphné ouvre en mai une petite galerie dans sa maison de Dongcheng, l'un des rares quartiers préservés de la capitale chinoise, en voie de modernisation accélérée. Et samedi prochain débute le festival Photospring - Arles in Beijing : un mois durant, expositions, rencontres, colloques vont se succéder autour de la photographie contemporaine. Une visite à point nommé, donc..... Dans ce petit Journal, je posterai des nouvelles du Festival et quelques photos glanées ici ou là au gré de mes pérégrinations....
Jour 1 - Après 12 heures d'avion, je rêve d'une douche et d'une sieste.... Mais ce programme attendra car nous filons à Caochangdi. Caochangdi tient à la fois de la zone suburbaine en travaux constants, du village et de la résidence d'artistes à grande échelle : de nombreuses galeries ont ouvert ici ces dernières années (c'est là qu'Ai Wei Wei, dont une rétrospective a lieu en ce moment au Jeu de Paume à Paris, tient son studio comme on tient une position militaire). Dans le studio de l'artiste belge Olivier Modr, très bel espace blanc et clair, Daphné organise l'exposition des photographies d'Inan Wang, et il s'agit de procéder à l'accrochage....
Il fait chaud, le ciel est vaguement gris, les avenues énormes s'emplissent d'étranges vélos à moteur silencieux géniaux dont il faudrait lancer la production à grande échelle à Paris! A Caochangdi, nous croisons des occidentaux à vélo, des taxi cahotant dans ce labyrinthe dont les rues sont dépourvues de nom, des chinois tirant des brouettes chargées de capharnaüms divers et des ouvriers qui s'affairent dans tous les sens. Une pause Chez Jason, qui nous sert les meilleurs concombres de la planète et une bière qui me ranime vaguement. Je réalise qu'on peut fumer, ici, partout, et c'est une excellente nouvelle....
Dans le studio d'Olivier, je découvre les photos d'Inan, dont la série Passage développe un travail sur le flou : la couleur en vaste pans fondus les uns dans les autres, paysages sombres saisis à travers des vitres trempées de pluie, silhouettes évanescentes, jeux de fermetures à l'iris construisant des espaces circulaires.
Le soir venu, nous sortons dîner dans les Hutong, petites rues enchevêtrées où s'agglutinent maisons de plain-pied, immeubles bas et restaurants délicieux. Je n'avais jamais "mangé chinois", avant, disons. La leçon du jour : ne jamais croquer le poivre du Sechuan, sous peine d'avoir la langue paralysée pendant 10 minutes.
Avant de sombrer pour 12h dans les bras de Morphée, je lis ceci dans le livre génial de Muriel Barbery L'élégance du hérisson : "(...) construire, maintenant, quelque chose, à tout prix, de toutes ses forces (...) Gravir pas à pas son Everest à soi et le faire de telle sorte que chaque pas soit un peu d'éternité".