Contre-jour n° 5985. Quand on photographie à contre-jour, on n'a aucune idée du résultat - et comme on a le soleil dans la figure, on ne voit pas grand chose ni dans le viseur ni sur l'écran de contrôle. Du moins, c'est l'expérience que j'en ai. Pour récupérer des détails sur la silhouette, on peut avoir tendance à surexposer - mais pour attraper les rais de lumière, sans cramer complètement l'arrière-plan, il faut fermer le diaphragme. Dilemme. Je ne vise pas les seules silhouettes, mais plutôt cette lumière étrange qui nimbe les traits, les peaux, cette grande douceur qui convient ici à l'immense amitié de ces deux-là.
Le spectre lumineux - du bleu, du violet, du vert, du jaune... - s'étale en cercles, dont on n'aperçoit les variations qu'une fois rentrée chez soi, sur l'ordinateur. C'est très ténu ici, mais quelques rimes circulaires apparaissent - les grands cercles verts et violets visibles sur l'enfant de gauche, le petit cercle orange sur la main de celui de droite, le mini-soleil encastré dans la main centrale, et ce bout de papier blanc vaguement fantastique qui semble émettre de la lumière. Il faudrait mieux souligner ces détails, mais chaque intervention altère l'ensemble. Je laisse donc la photo comme elle est - retrouvant avec le contre-jour l'instantané de la photo, c'est là ou pas, on n'ajoutera rien d'autre en bidouillant des curseurs.
Toute voilée et fragile soit-elle, la photo se referme sur un espace qui se laisse voir autant qu'il nous exclut. Ils sont très proches, je touche presque leurs genoux, et en même temps très loin, tranquillement préoccupés d'eux-mêmes. J'aime beaucoup cette distance.