Mahault a 7 ans et demi. Elle est toute petite, toute fine, ses poignets sont des brindilles. Elle a aussi d'immenses yeux bleus, une grande bouche et de grandes oreilles. Une toute petite voix. Une sensibilité à fleur d'être. Une passion pour l'alignement (de Légos, de poupées, de fleurs, de ficelles, de trucs). Une gentillesse complice. Une imagination qui lui permet de jouer 4h d'affilée sans avoir besoin d'autre chose que de sa frangine, un être délicieux venu d'ailleurs haut comme une demi-pomme.
La beauté de Mahault est d'un genre légèrement douloureux, mélancolique. Elle rigole beaucoup, pourtant. Elle se tortille, papote, gigote, son regard glisse sans s'arrêter sur son interlocuteur, comme attiré vers divers phénomènes annexes, fées passantes ou fruits merveilleux, auxquels nous n'avons pas accès.
Lorsque je propose à Mahault de faire quelques portraits, assise sur cette chaise devant la fenêtre, elle plonge droit son regard dans l'objectif. Aucune minauderie, un calme olympien, une simplicité totale. J'ai passé beaucoup de temps à la regarder ce matin. Ce puits sombre, intense et vivant, du regard. La très grande confiance qu'elle m'accorde, elle si timide, en me donnant ce regard-là. Un visage de femme affleurant sous les traits enfantins. Mahault est bouleversante.