SPLASH 1, Millau, août 2002. C'est une photo de vacances, prise dans une piscine. Il y avait un soleil de plomb, des figuiers, des cigales. Un garçon de 12 ans jouait et sautait dans l'eau, c'était joli à voir toute cette eau qui jaillissait, cette énergie, je lui ai demandé de le refaire une fois et j'ai pris cette photographie. J'avais une pellicule noir et blanc 125 ASA, sur le coup j'ai regretté de ne pas avoir de couleur... et au développement c'est apparu comme ça, ce torse sans âge comme pris dans la glace, avec l'arrière-plan gris, sans fond, la matière aqueuse en volume, un léger vertige visuel défaisant les coordonnées spatiales; le corps est à la fois sur et sous l'eau, qui jaillit mais l'enveloppe, il y a du mouvement mais tout est figé. En couleur, elle aurait été bien plus banale et plate. Avec la généralisation du numérique, on oublie comment c'était d'avoir juste 24 ou 36 poses.... de ne pas savoir tout de suite si la photo était bonne, ou de ne plus pouvoir toucher à la sensibilité ou la couleur une fois la pellicule dans l'appareil. En argentique, on pense différemment. Il faut attendre et guetter ce moment M où le mouvement du monde et la focale de l'objectif vont croiser leurs trajectoires, et faire surface. SPLASH 1, c'était ça, une belle surface qui me donnait envie de continuer à empiler des couches de pellicules. Dans les moments de découragement, je la regarde et c'est une photo joyeuse, qui a envie d'être là. On m'a parfois demandé pourquoi j'avais coupé la tête... Ou remarqué que son côté marmoréen et glacé détonnait avec le reste de ma production. Je ne sais pas. C'est juste ma photo préférée.
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Avril Dunoyer |