Cette école privée, fondée en 1741, ferme ses portes. Il y a de la nostalgie dans l'air. L'équipe et les parents, très attachés à cette structure à la pédagogie ouverte inspirée par Maria Montessori, m'ont demandé de passer trois jours avec les enfants pour réaliser un reportage. Sur les élèves, le lieu, les gens, les activités. J'avais déjà travaillé avec des écoles, mais pas à ce degré d'intimité.
En trois jours, des figures se dessinent, les enfants se rapprochent, offrent beaucoup de choses. Certains qui me tournaient résolument le dos le premier jour sont finalement venus, bravement, demander un portrait avec leur copain ou un jouet-doudou caché dans leur poche. Comme ils bougent tout le temps, et de manière parfois totalement inattendue et incongrue, la richesse des images possibles est jubilatoire. Truisme, mais vade mecum photographique : ils échangent constamment avec leur environnement. C'est cela qu'il faudrait photographier, cette interaction permanente, inventive, ludique, forte ou fragile, vive ou timide. Plutôt que de rechercher le beau portrait - certes, plus facile à attraper...
Tout en photographiant à chaque coin de couloir les 160 enfants de l'école maternelle et primaire, je me suis promenée dans les bâtiments. Poussé des portes, me suis un peu perdue. Trouvé des petites pièces sur le point d'être déménagées, remplies de bazar d'écoliers, pots de peintures, cartons, ballons de baudruche, craies éparpillées. Des planches de carton redressées avaient du servir à improviser une scène de théâtre. Atmosphère étrange, comme si le temps s'était arrêté, empilant ses strates et ses vestiges, sur le point de disparaître.
Et le dernier jour, nous sommes tous allés à la plage.
Bref, j'ai beaucoup aimé partager ces trois jours avec eux... et je planche sur les 1000 photos rapportées dans mes filets.